Faire face à l'épuisement professionnel
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Qu'est-ce que le bore-out, qu'est ce que le brown-out ?

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Qu'est-ce que le bore-out, qu'est ce que le brown-out ? Empty Qu'est-ce que le bore-out, qu'est ce que le brown-out ?

Message par Rachel Jeu 4 Juil - 11:26

Je vous propose ici d'échanger sur deux thématiques proches du burn-out mais qui ont au final les mêmes effets :
- le bore-out ou le fait de s'ennuyer profondément au travail
- le brown-out ou la perte de sens dans son travail (soit il n'a aucun sens soit on le juge contraire à ses valeurs)

Je vous partage un article au sujet du bore out :

Histoire d’une notion. « Je m’ennuiiiiie mais d’une force, rien qu’aujourd’hui je vais avoir deux heures de travail mais faut quand même que je reste jusqu’à ce que le patron revienne. » « Je fais comme tout le monde : je participe à l’ennui général en parlant de moi, ce dont tout le monde se fout. » Ces témoignages tirés de tchats d’employés ont été cités, en 2011, dans une étude sur le « bore-out » publiée par la Revue internationale de psychosociologie. Ce syndrome désigne l’épuisement au travail par l’ennui du fait des temps morts répétés, des routines fastidieuses ou de l’inutilité de certaines tâches professionnelles.

L’ennui dans le monde du travail a été repéré en 1958 par le sociologue James G. March et le prix Nobel d’économie (1978) Herbert Simon. Dans Les Organisations (Dunod, 1999), ils constatent que les entreprises et les institutions, en dépit de leur volonté de rationaliser leur organisation, génèrent beaucoup d’inactivité. De nombreux employés travaillent finalement assez peu : ils expédient leurs tâches avant de « tuer le temps » pendant les interminables journées qu’ils passent dans leur bureau.

Les salariés qui s’ennuient au travail présentent deux à trois fois plus de risques d’être victimes d’accidents cardio-vasculaires

La notion de bore-out proprement dite a ensuite été forgée, en 2007, par deux consultants suisses en management, Peter Werder et Philippe Rothlin, dans leur ouvrage Unterfordert : Diagnose Boreout(Red Line, 2014, en allemand, non traduit). Le bore-out – un mot qui s’inspire du burn-out, le nom que le psychiatre américain Harold B. Bradley a donné, en 1969, à la surcharge de travail chronique – désigne l’inemploi dans l’emploi : les heures vides et creuses nourrissent un sentiment d’ennui et de déprime.

Lire aussi Bore-out : voyage au bout de l’ennui
Selon une enquête en ligne américaine menée en 2005 auprès de 10 000 employés par le fournisseur d’accès AOL et le site Salary.com, 33 % des personnes interrogées perdent au minimum deux heures par jour à ne rien faire. En 2006, une étude de l’entreprise suisse d’offres d’emplois Kelly Services montrait que 10 % des salariés suisses s’ennuyaient au travail en raison de leur inactivité. En 2009, un sondage réalisé par l’agence de recrutement StepStone dans sept pays d’Europe auprès de 11 238 salariés révélait que 32 % d’entre eux se retrouvaient sans travail pendant au moins deux heures par jour, ou beaucoup plus.

Le travail « lié à l’humanité »
Pour Christian Bourion, enseignant à l’Institut commercial de Nancy, auteur de LeBore-out Syndrom (Albin Michel, 2016), il ne faut pas imaginer qu’être payé à ne presque rien faire, ou « être mis au placard », est gratifiant. Au contraire, assure-t-il : pour beaucoup de gens « le travail est lié à l’humanité ». « Il constitue l’alpha et l’oméga d’une obligation à laquelle il est impossible de se soustraire. On peut le redouter ou le souhaiter, mais le travail constitue son chemin au sein de la vie humaine. »

L’inactivité ou la placardisation n’est pas la seule cause du bore-out : l’absence de sens peut, elle aussi, nourrir ce syndrome. Si le travail est inintéressant ou insignifiant, s’il est perçu comme inutile ou subalterne, le bore-out peut s’installer.

Selon l’étude anglaise « Bored to Death », réalisée en 2010 auprès de 7 500 employés du service pubic, les salariés qui s’ennuient au travail présentent deux à trois fois plus de risques d’être victimes d’accidents cardio-vasculaires : ils grignotent, ils fument, et parfois ils boivent pendant leur interminable journée.

Pour David Graeber, auteur de « Bullshit Jobs », 40 % des emplois sont concernés : bien souvent, « même le salarié ne parvient pas à justifier son existence » à de tels postes

A ce jour, la notion de bore-out peine à être reconnue par la médecine et le droit du travail. En 2014, un employé d’une grande entreprise française de parfumerie mis au placard et licencié après un arrêt de travail de six mois pour « lassitude extrême », a contesté son licenciement devant le tribunal des prud’hommes. Il voulait faire de son affaire « le premier procès du bore-out en France ».Mais en 2018, le juge départiteur des prud’hommes a estimé qu’il y avait eu « harcèlement moral » et « mise à l’écart », sans reconnaître un bore out.

Lire aussi Premier procès du « Bore-out » : Interparfums condamné pour « harcèlement moral »
Manque de « reconnaissance sociale »
Dans Bullshits Jobs (Les Liens qui libèrent, 2018), l’anthropologue américain David Graeber, professeur à la London School of Economics, critique la bureaucratisation des entreprises, qu’elles soient publiques ou privées, et la dévalorisation du travail. Il dénonce la multiplication des « postes inutiles ou superflus » dans le marketing, l’assurance, la finance ou le juridique. Il critique encore les « petits chefs » chargés de la surveillance d’employés, les « faire valoir »et les « intermédiaires » parlant au nom d’un supérieur, les « cocheurs de case »menant des vérifications tatillonnes. Pour David Graeber, 40 % des emplois sont concernés : bien souvent, « même le salarié ne parvient pas à justifier son existence » à de tels postes.

Une étude d’octobre 2018 de la Fondation Jean-Jaurès sur la « valeur travail » en France a relativisé cette analyse. L’immense majorité des employés estiment en effet que leur travail a du sens : 88 % d’entre eux disent occuper « un emploi utile pour leur entreprise » et 78 % « utile pour la collectivité ». Cette utilité n’est cependant pas, jugent-ils à 56 %, appréciée à sa juste valeur. Ils souffrent finalement plus d’un manque de « reconnaissance sociale », pour parler comme le philosophe et sociologue allemand Axel Honneth, que d’une absence de sens dans leur travail.

Frédéric Joignot
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